Centrafrique : polémique autour de prorogation du mandat présidentiel BANGUI, le 13 avril 2020 (RJDH)--- Un groupe des députés de la majorité pré
Centrafrique : polémique autour de prorogation du mandat présidentiel
BANGUI, le 13 avril 2020 (RJDH)— Un groupe des députés de la majorité présidentielle entretient depuis quelques jours la volonté de proroger le mandat du chef de l’Etat pour un an sous prétexte de la crise sanitaire de maladie à coronavirus pouvant jouer sur le calendrier électoral. L’opposition politique entend saisir la cour constitutionnelle si un tel projet se concrétise.
Evoquant la crise sanitaire mondiale provoquée par le coronavirus, les députés de la majorité présidentielle militent pour le report des élections tout en proposant une loi d’habilitation à l’assemblée nationale qui permettra au président de la république de légiférer par ordonnances dans le domaine réservé à la loi en vue de proroger la durée du mandat, ce que ne partage pas l’opposition démocratique..
Pour l’opposition démocratique, il s’agit d’une entreprise périlleuse et hasardeuse pouvant créer un enlisement politique dans le pays. Se basant sur l’article 35 alinéa 3 qui prohibe de façon catégorique la prorogation de la durée du mandat du président de la république, la COD 2020 entend saisir la Cour Constitutionnelle si le projet d’une probable prorogation du mandat présidentiel se concrétise.
« Il y a un verrou sur le nombre du mandat et la durée du mandat du président de la République ne peuvent nullement faire l’objet d’une révision. Il y a ce verrou qui ne peut pas du tout sauter et tout ce qui est fait actuellement par un certain nombre des députés relève de manœuvre dangereuse pour la stabilité politique du pays », a relevé Maitre Nicolas Tiangaye, avant d’indiquer que les velléités de la modification constitutionnelle étaient déjà conçues depuis le mois d’octobre 2019, « c’est depuis le mois d’octobre et novembre 2019 que les bruits ont couru qu’ils vont chercher à proroger le mandat du président de la République et leur propre mandat. Donc il ne faut pas tirer prétexte de cette pandémie pour dire qu’on va proroger le mandat du président de la République. De toute façon, l’Assemblée Nationale n’est pas l’organe qui est habileté si oui ou non il y aura dépassement. Ce n’est pas l’Assemblée Nationale qui organise les élections, c’est l’Autorité Nationale des Elections qui doit dire voilà les difficultés auxquelles je suis confrontées et qu’il est techniquement difficile pour moi d’organiser les élections. C’est des députés achetés par le pouvoir en place qui vont décider pour proroger le mandat du chef de l’Etat. Nous saisirons la Cour Constitutionnelle le moment venu à cet effet », a noté Nicolas Tiangaye.
Pour La Synergie Centrafricaine, organisation politique proche du pouvoir soutenant cette initiative, elle appelle les députés à adopter une loi dans ce sens. Pour ce mouvement politique, dans le contexte de pandémie de maladie à Coronavirus, les efforts doivent être orientés vers la lutte contre le Covid 19.
Pour Mathurin Dimbélé Nakoué, à l’initiative de cette démarche, 110 députés centrafricains sont favorables à une révision constitutionnelle émettant des doutes quant à la tenue effective des élections présidentielle et législatives, programmée en décembre 2020. « Si par exemple, la présidentielle ne se tenait pas à la date prévue à cause de l’épidémie de COVID-19, dans le cadre de la loi constitutionnelle actuelle, un vide présidentiel de facto serait provoqué. Il ne s’agit nullement de rallonger le mandat du président, encore moins d’augmenter le nombre de mandats fixé par la Constitution », a affirmé M. Dimbélé Nakoué.
Vianney Ingasso