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Centrafrique :, «  la situation des enfants est catastrophique en Centrafrique de manière globale » dixit Cyr Narcisse Dibert

BANGUI, 19 Juin 2024 (RJDH) — La République Centrafricaine, à l’instar d’autres pays africains, a célébré le 16 juin 2024, la journée de l’Enfant africain. Une journée observée le 16 juin de chaque année en mémoire des enfants massacrés lors d’une marche pour leurs droits à Soweto (Afrique du Sud) pendant l’apartheid le 16 juin 1976. En exclusivité avec le RJDH, Cyr Narcisse Dibert, Coordonnateur national de l’organisation non-gouvernementale, Action Citoyenne pour les Droits des Enfants (ACDD), exhorte le gouvernement à faire une analyse globale des enfants à travers le pays afin d’apporter des solutions idoines.

RJDH : le 16 juin de chaque année, la Centrafrique à l’instar d’autres pays africains célèbre la journée internationale de l’Enfant africain. Quelle est votre perception sur la célébration de cette journée ?

ND : cette journée a été instaurée au niveau de l’Afrique parce que la question de protection de l’enfant intéresse beaucoup plus la communauté internationale. Et en Afrique également nous avons la particularité en ce qui concerne les enfants africains. C’est pourquoi on a instauré cette journée pour discuter sur la question de l’accès des enfants à l’éducation et de la protection des enfants afin de faire l’évaluation au niveau africain en ce qui concerne le danger et les obstacles qui freinent la protection des enfants.

RJDH : Vous êtes le Coordonnateur d’une organisation qui intervient dans le domaine de la protection des enfants. Pouvez-vous nous parler de la situation actuelle des enfants en Centrafrique ?

ND : Je dirais de manière globale que la situation des enfants en Centrafrique est catastrophique. Vous conviendriez avec moi, en ce moment à l’intérieur du pays les enfants subissent beaucoup de cas de violences. Il y a des enfants qui n’ont pas accès à l’éducation ; certains ont même des difficultés d’accès à l’eau potable et aux soins de qualité. Dans ce cas, le gouvernement, à travers le ministère en charge de la protection de l’enfant, doit faire une analyse globale de la situation et des conditions de vie des enfants tant à Bangui que dans les villes de provinces afin d’apporter des solutions idoines à leurs préoccupations.

RJDH : Dans les villes de provinces et dans certaines écoles à Bangui, les enfants ne disposent pas d’assez d’infrastructures scolaires ni d’enseignants qualifiés. Certains enfants continuent d’être enseignés par les maitres-parents. Que dites-vous face à ce disfonctionnement?

ND : Vous savez que la République centrafricaine a signé la Convention internationale pour la protection de l’enfant ainsi que la Chartre africaine pour le bien être de l’enfant. Et ces documents juridiques entrent dans l’ordonnancement juridique centrafricain. Nous avons la chance d’avoir un Président de la République qui est un enseignant. La question de l’accès des enfants à l’éducation, des infrastructures sanitaires et scolaires et de manque d’enseignants qualifiés à l’intérieur du pays a été évoquée plusieurs fois par les organisations nationales et internationales. Il revient à l’Etat de prendre en compte toutes les situations décriées en ce qui concerne le problème de l’éducation de qualité. Cela pourrait servir de base et de plaidoyer avec les partenaires qui appuieraient l’Etat pour la recherche de solutions idoines. Malheureusement, l’Etat ne travaille pas sur cet aspect-là et cela constitue et demeure un danger. Quel avenir nous allons avoir si nos enfants n’ont pas accès à une éducation de qualité, surtout si nous nous focalisons sur les thématiques de la paix, de la stabilité nationale ? Certainement, nous exposons ces enfants à la manipulation et nous savons que la rébellion provient de la manipulation. Donc nous devons prendre la question de l’éducation en compte. Cela doit être au centre des actions du gouvernement.

RJDH : Vous pointez du doigt le gouvernement qui, selon vous,  ne prend pas sa responsabilité pour garantir un avenir meilleur aux enfants, mais vous, au niveau de l’ONG Action Citoyenne pour le Droit des Enfants (ACDE), quelles sont les actions que vous menez pour améliorer de la situation des enfants en Centrafrique ?

ND : Nous sommes une organisation de la société civile ; nous n’avons pas la capacité financière ni matérielle de mener des actions qui reviennent de droit à l’Etat, des actions tels la construction des bâtiments scolaires, le recrutement des enseignants qualifiés et autres… Mais nous travaillons dans le cadre d’un plaidoyer et de la dénonciation afin d’aider l’Etat à prendre en compte nos plaidoyers et la dénonciation pour pouvoir remédier à tout cela et nous en tant qu’organisation de la société civile qui sert de pont entre la communauté et les autorités publiques, nous devons prendre ces constats au sein de la communauté et relayer les informations au niveau des autorités publiques pour qu’ils puissent trouver des solutions. Mais comme la situation stagne encore nous ne baissons pas les bras ; nous continuons de mener ce combat auprès des autorités pour que les solutions soient trouvées.

RJDH : Force est de constater qu’à l’approche de cette journée beaucoup d’organisations vont auprès de certains enfants de la rue pour mener certaines actions caritatives. Mais l’impact est éphémère car ces enfants retrouvent leur situation initiale.

Quelle lecture faites-vous en votre qualité de responsable d’une organisation qui œuvre auprès de ces enfants ?

ND : Oui, si vous examinez bien les Conventions internationales sur les droits des enfants et le code centrafricain sur la protection de l’enfant, ce code mentionne que la place de l’enfant n’est pas dans la rue. En principe la place des enfants doit être au sein d’un foyer. Il doit être éduqué dans un foyer. Dans le cas contraire, l’enfant doit être dans un établissement pour sa prise en charge et si les enfants sont dans la rue, il revient à l’Etat de mettre en place des dispositifs juridiques pour la protection des enfants. Il est de son rôle d’effectuer des visites sur le terrain au même titre que la société civile.

Malheureusement nos actions sont souvent limitées et ne sont pas de grande envergure pour pouvoir prendre en compte toutes les préoccupations de ces enfants. Vous conviendriez avec moi que ces enfants ont souvent des difficultés pour avoir quelque chose à manger, pour se soigner quand ils sont malades. Donc cette journée est une occasion pour nous de leur apporter de la nourriture, des médicaments et d’autres moyens indispensables à leur survie.  

Vivien Nvalé

RJDH

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