Centrafrique : la porosité de frontière entre la RCA et le Cameroun favorise le commerce illicite de diamant et or à l’ouest du pays BERBERATI, 02
Centrafrique : la porosité de frontière entre la RCA et le Cameroun favorise le commerce illicite de diamant et or à l’ouest du pays
BERBERATI, 02 octobre 2020 (RJDH) —Le commerce illicite de diamant et d’or se multiplie dans les zones minières à l’ouest de la RCA, frontalières avec le Cameroun. Une situation déplorée par le comité local du suivi de Processus de Kimberley de Berberati qui, au cours de la 3ème réunion trimestrielle du 28 septembre, appelle les autorités centrafricaines à renforcer le système de contrôle.
L’afflux des coopératives et sociétés minières dans des villes minières proches de la frontière camerounaise et congolaise, fait bouleverser le système de commercialisation de diamant et de l’or dans cette partie de l’ouest de RCA. Le contrôle des activités minières devient de plus en plus difficile car, les services des mines notamment, l’Unité Spéciale Anti-fraude (USAF) n’arrivent pas à maîtriser le circuit.
Selon le comité local du suivi de Processus de Kimberley de Berberati, cette situation s’explique par le fait que ces frontières sont moins sécurisées. Vue sa perméabilité, des sujets étrangers s’affluent dans les zones minières telles que Gamboula, Sosso-Nakombo, Dede-Mokouba dans l’intérêt d’acheter frauduleusement le diamant et l’or, « la RCA partage les frontières avec le Cameroun et le Congo. Ses villes ne sont pas solidement couvertes par des éléments de défense et de sécurité censés contrôler les activités minières. Et le diamant sort d’une manière frauduleuse au niveau de la frontière et favorise la contre bande », ont déploré les membres du comité local de Berberati.
De sources concordantes, parlent aussi de certaines complicités des autorités du pays dans le commerce illicite, « vous trouverez des sujets chinois, mauritaniens, burkinabés, camerounais en flagrant délit. Si des poursuites sont engagées, automatiquement des menaces viennent de partout pour obtenir la libération d’une quelconque affaire. Voilà la réalité, qui fait que l’USAF, unité spéciale anti-fraude et les services des mines ont des limites en ce concerne la répression », ajoutent ces sources qui ont souhaité garder l’anonymat.
Le comité demande au gouvernement, l’installation des postes de contrôle de l’USAF et des services de mines à partir des villes frontalières afin de lutter contre la fraude et la contrebande.
Selon le Code Minier de la République Centrafricaine du 29 avril 2009 en son article 187, « sont passibles d’un emprisonnement de deux (2) à cinq (5) ans et d’une amende pouvant aller de cinq cent mille (500.000) à cinquante millions(50.000 000) francs CFA ou à deux (2) fois la valeur de la marchandise saisie ou de I ’une de ces deux peines seulement, les personnes qui, n’ayant les qualités ni de collecteur, ni d’agent acheteur d’un Bureau d’Achat, d’une bijouterie, d’une taillerie, d’une fonderie ou du COMIGEM se livrent à I’ achat, à la vente et à la transformation illicite de I ‘or, des diamants bruts et d’autres substances minérales », précise le code minier.
Des acteurs miniers avec l’appui du DPAM (Droits de Propriété et Artisanat Minier) ont validé le 16 septembre dernier à Bangui, des nouveaux bordereaux d’achat. L’objectif est de doter le système de commercialisation d’un outil efficace, infalsifiable et riche en informations pouvant contribuer non seulement à la lutte contre la fraude et la contrebande mais aussi au traitement des données statistiques sur la production.
Judicaël Yongo